Des rumeurs circulent ces temps-ci à propos de l’usage de dérivées des entrailles du porc dans la confection de la célèbre boisson américaine Pepsi. J’ai entendu des fatwa allant dans le sens de son interdiction. Ces rumeurs sont-elles fondées? Quel est le statuts de cette boisson? Que dire des autres boissons gazeuses pareilles?
Le statuts des boissons gazeuses
Question: 102749
Louanges à Allah et paix et bénédictions sur le Messager d'Allah et sa famille.
Louanges à Allah
Premièrement, les nourritures sont en principes licitesjusqu’à preuve du contraire. Des boissons gazeuses ont toutefois suscité desdiscussions qui nécessitent la recherche et l’examen:
1.L’usage de l’alcool pour diluer la matière première.
Docteur Muhammad Ali al-Bar ditdans son livre intitulé le vin entre la médecine et le droit musulman p.65:Peut-êtrebeaucoup de lecteurs ne savent-ils pas que les matières premières de boissonsgazeuses comme Pepsi Cola et Coca Cola sont diluéesgrâce à une petite quantité d’alcool et que celui-ci est l’esprit du vin ou spirits comme on l’appelle communément.
2. La présence de la matière pepsine dans ses composantes , matière souvent extraite des tissus desmembranes du porc.
On lit dans l’encyclopédie universelle arabe(26/106): la pepsine est une enzyme digérantqu’on trouve dans le suc gastrique. Il décompose les protéines alimentaires en peptides.Les enzymes digestivesressemblent aux autres enzymes dans leur composition chimique mais leurs effets sont complètementdifférents en ceci qu’elles sont plus fortes dans un milieu alcide comme celuide l’estomac. Elles n’ont pas d’impact sur les graisses et les carbo-hydriques. La pepsine est produitecommercialement à partir du dessèchement des membranes muqueusede l’estomac du porc et de la vache. Il existe plusieurs produits commerciauxde cette matière qu’on peut utiliser pour faciliter la digestion.» Se référerau lien suivant:
http://www.mawsoah.net/gae_portal/maogen.asp?main2&articleidpepsi152455_1
3.Des nuisances avérées à la santé.
Voilà en substance l’objet des discussions suscitées parces boissons.
Deuxièmement, il faut s’assurer de deux choses pour queces objections puissent avoir une incidence sur le jugement: la présenceeffective des éléments (dont la consommation est interdite) et s’assurer dubien fondé du jugement religieux à formuler à leur égard.
Quant à l’usage de l’alcool et la pepsine extraite duporc (dans la confection des boissons), la vérité est que cela n’est pasvérifié dans toutes les boissons ni dans toutes brasseries car on peut pas employerd’autres produits dans liquéfaction, et les superviseurs du processus dans lesbrasseries veillent au respect des normes.
Dans beaucoup de pays musulmans, on évite l’usage del’alcool dans le processus de désagrégation en le remplaçant par d’autresproduits non suspects. Quant à la pepsine, elle peut provenir des membranes devache, comme nous l’avons indiqué dans une citation de l’encyclopédieuniverselle arabe. On peut aussi la fabriquer en laboratoire grâce à d’autres procédéschimiques. La société peut ne pas s’engager à utiliser des dérivées desmembranes du porc.
S’agissant des nuisances, nos investigations poussées nenous ont pas permis de découvrir une étude scientifiquesdocumentée et fiable attestant la présence de nuisances avérées dans cesboissons. Tout ce qui existe se limite à des informations qui circulent çà etlà. Elles peuvent parfois avoir un argument scientifique mais ne donnentpas aux nuisances une gravité générale qui justifieraitqu’on les juge interdit. Leur consommation par des millions d’êtres humainschaque jours, voire plusieurs fois par jour pour certains, fait croirefortement l’absence de la nocivité évoquée peut être avec exagération.
Troisièmement, les spécialistes contemporains du droitmusulmans ont effectuédes recherches sur le statuts de l’usage aujourd’hui dans les boissons et nourrituresde l’alcool et de certains enzymes extraites du porc et transformées. Ils sontparvenus à la conclusion que ces produits alimentaires sont licites, comptetenu de l’absence d’une substance interdite dans la matière licite ou del’absorption de celle-là dans celle -ci, voire de la modification de sacomposition chimique qui abouti à sa transformation.
On lit dans les recommandations du colloque sur la visionislamique de certains problèmes médicaux ce qui suit: «Les matières ajoutéesaux produitsalimentaires et auxmédicaments, qui proviennent d’une origine impure ou interdite, deviennent desproduits licites de deux manières:
1.La transformation
En droit musulman, on entend par transformation lechangement de la substance impure ou interdite et la transformation en une autrematière complètement différente quant à ses nom,spécificités et caractéristiques. Dans le jargon scientifique largement répandu,on appelle ce processus toute réaction chimique qui transforme une matière enune autre composition comme la transformation des huiles et graisses dedifférentes origines en savon et la décomposition d’une matière pour faire réémerger ses différentes composantes (premières) comme la décomposition deshuiles et graisses pour redevenir des acides denses et du glycérine. Laréaction chimique est parfois provoquée par des moyens scientifiques ettechniques parfois sous une forme non prévue dans les cas de figure cités parles spécialistes du droit musulman. C’est le cas par exemple dela dé fermentation, du tannage et de l’incinération.
Cela étant, on considère que:
1.Les dérivées d’origine animale, interdite ou impure, dissoutes, comme il estdéjà dit, sont considérées comme licites donc utilisables dans les denréesalimentaires et les médicaments;
2. Les compositions chimiques extraites d’origines impure ou interdite comme du sang isolé ou de l’eau deségouts, qui n’ont pas fait l’objet de la dissolution en question dans ladéfinition du concept évoqué ci-dessus.
Il n’est pas permis d’utiliser ces compositions dans les denréesalimentaires et les médicaments. C’est le cas des produits alimentaires quicontiennent du sang isolé comme les saucisses bourrées de sang, les boudins, le boudin noir, le hamburger et les aliments pour enfants contenant du sang, lesconfiseries préparées avec du sang et les soupes contenant du sang et consorts,sont considérées comme des aliments impurs donc interdits de consommationà cause de la présence du sang isolé nonabsorbé.
Quant au plasma du sang considéré comme un substitut peucoûteux du blanc de l’œuf, on peut aussi l’utiliser comme galette ou bouillonou boudin ou pain ou avec des produits laitiers ou des médicaments ou des alimentspour enfants, qui peuvent être ménagés avec de la farine… Le colloque a penséque ces produits sont différents du sang aussi bien dans leurs noms que dansleurs caractéristiques et propriétés. Ils n’ont pas le mêmestatuts que le sang, même si certains participants ne sont pas du mêmeavis.
3. L’absorption
Elle se réalise quand une matière interdite ou impure sedissout dans une autre matière pure et licite d’une grande quantité puisque lemélange écarte l’impureté et l’interdiction du fait de la disparition despropriétés de la matière jugée à l’origine sale comme ses couleur, saveur etodeur, suite à leur dissolution quasi totale. Dès lors, le jugement del’ensemble est fondé sur l’état prédominent. En voici des exemples:
1. Les aditifs contenant de l’alcool dont une infimequantité est utilisée dans les denrées alimentaires et les médicaments commecolorants, les conserves et les anti coagulants
2. La Lécithine, et le cholestérol provenant d’uneorigine impure et restés intactes. Il est permis de les utiliser dans les denréesalimentaires et les médicaments à de très faibles quantités ajoutées à degrandes substances pures et licites.
3. Les enzymes porcines comme la pepsine et l’ensembledes levures chimiques et consorts utilisés à de faibles quantités quis’absorbent dansles denréesalimentaires et les médicaments.»
On lit dans les fatwas du Conseil Européen pour laConsultance et la Recherche (fatwa n° 34):«On écrit la lettre E suivi d’unnuméro sur certains produits alimentaires pour indiquer que le produitscontient des ingrédients gras ou des os du porc. Dans ce cas, quel est lejugement de la loi religieuse à propos de ces produits alimentaires?
Réponse
Les produits marqués par E suivi d’un numéro sont desaditifs alimentaires dont le nombre dépasse 350. Ils sont soit des conserves, soitdes colorants ou des améliorants ou des denrées locales ou d’autres. Ils serépartissent de par leur origine à quatre groupes:
Le premier est constitué de composantes chimiquesartificielles.
Le deuxième est constitué de composante d’originevégétale.
Le troisième est constitué de composantes d’origineanimale.
Le quatrième est constitué de composantes imbibées d’alcool.
Le jugement qui leur est appliqué est qu’elles n’ontaucun impacte sur la licéité de la denrée alimentaire pour les raisonssuivantes:
Quant aux premier et deuxième groupes, c’est parce qu’ilsont une origine licite et que leur usage n’est pas nocif. Quant au troisièmegroupe, il ne maintient pas son origine animal car ila subi une transformation chimique qui altère complètement sa nature et en faitune nouvelle matière pure. Ce changement a un impact sur le jugement religieuxà porter sur ces matières. Si celles-ci étaient intrinsèquement illicites ou impures,leur transformation en une nouvelle matière leur donne un nouveau statuts. Comme c’est le cas avec du vin adouci qui devientbon et pur et échappe au jugement porté au vin (naturel). Quant au quatrièmegroupe, il relève souvent des colorants et consiste en des solutions dont onutilise une très petite quantité qui s’absorbe dans le produit final. Ce quiest pardonnable.
Aussi, toutes les denrées alimentaires ou boissonscontenant les produits susmentionnés dans leur composition gardent-t-ils leurlicéité d’origine et il n’y a aucun inconvénient pour le musulman de lesconsommer. Notre religion est une religion facile à pratiquer. Elle nousinterdit la complication. La recherche et l’investigation (menées dans cetesprit) n’ont rien à voir avec l’ordre qu’Allah Très-haut et Son Messager nousont donné.» Citation tirée de Fiqh an-nawaazil par Dr Muhamamd al-Djizaani (4/263-267).
Docteur Muhammad Ali al-Bar ditdans son livre intitulé al-Khamr byan al-fiqh waat-Tibb,p.65):«Si quelqu’un buvait une grandequantité de ces boissons comme Pepsi Cola parexemple, devient-il ivre? Il est bien connu et admis de tous qu’on ne devientpas ivre, quelle que soit la quantité qu’on en boit. Car la cause de l’ivressey est absente. Dès lors, le hadith qui dit : Est interditela consommation d’une petite quantité de toute boisson dont l’absorption d’unegrande quantité rend ivre. et le hadith qui dit: Si la consommation d’unegrande quantité d’une boisson rend ivre , l’absorption du plein de la paume dela même boisson est interdite. (Rapportéet jugé bon par at-Tirmidhi,1866)et déclaré authentique par al-Albani dans Sahih at-Tirmidhi. Ladite caused’interdiction ne s’applique absolument pas à ces boissons car quelle que soitla quantité qu’on boit, on devient pas ivre.
Cela étant, les boissons en question ne peuvent être quelicites parce que la causedel’illicéité d’une boisson, qui est l’aptitude à rendre ivre, n’y est pas dutout et qu’elles ne relèvent du vin ni linguistiquement ni religieusement ni depar leur statuts.En dépit de ce quiprécède, lamajorité des jurisconsultessont d’avis que, si on ajoutait du vin à un liquide ou une matière et si le vins’y dissolvait complètement, la matière n’aurait plus la propriété de rendreivre et deviendrait licite de consommation. Peut importe la quantité qu’on enboit. Les résidus du vin qui y subsisteraient seraient pardonnables parcequ’assimilés à ce qui est totalement absorbés. Les jurisconsultes ont trouvé unargument pour leur avis dans la pratique du Prophète (Bénédiction et salutsoient sur lui) quant on lui offrit du fromage syrien et lui dit qu’il étaitconfectionné avec des aromes impurs. Il (le Prophète) en a autorisé laconsommation. D’après Ibn Omar, on présenta au Prophète (Bénédiction et salutsoient sur lui) à Tabouk du fromage fabriqué par desChrétiens. Il fit apporter un couteau, prononça le nom d’Allah, en découpa eten mangea. (Cité par Abou Dawoud,3819et jugé bon par al-Albani.
Ahmad et al-Bazzar ont rapportéd’après Ibn Abbas:«On offrit du fromage au Prophète (Bénédiction et salutsoient sur lui) au cours d’une expédition et il dit:
–Où a-t-on fabriqué ceci?
–En Perse..Nouspensons qu’on y a mis des dérivées de cadavres.
–Découpez-le avec un couteau, mentionnez le nom d’Allahet mangez-en. Voir le Mousnad d’Ahmad(1/302). Le hadith est jugé bon par les vérificateurs des hadiths.
Cela dit, toutes les boissons gazeuses telles que Pepsi Cola, Seven up, Coca Colaet d’autresrelèvent des bonnes boissonsrendues licites par Allah bien que leurs matières premières contiennent unepetite quantité d’alcool. Allah le sait mieux.
On lit dans un sous chapitre intitulé la gazeusedu chapitre consacré aux denrées alimentaires de l’encyclopédie juridiquepubliée par le Ministère koweitien des Waqf et desAffaires Islamiques ce qui suit:« La gazeuse est une boisson délicieuse quicontient une faible quantité d’huiles parfumées mélangée avec du gaz CO2soumis à la plus forte pression aérienne et parfois accompagné d’aditifs quilui confèrent une couleur ou une saveur spéciales. Les huiles employées dans safabrication ne se dissolvent dans les autres ingrédients qu’une fois mélangées avec de l’alcool. Celui-ci est apte à rendre ivre.Mieux, il est à la base de toutes les boissons qui rendent ivre. L’alcool étantimpur, il transfert son impureté à l’huile et partant à la gazeuse. Dès lors,il est interdit de boire celle-ci.
Voilà ce qui apparait de prime abord. Si toutefois nous regardions leschoses de plus près, nous pourrions dire que l’usage de l’alcool comme aditifne vise que l’amélioration du produit. C’est comme l’emploi d’aromes impurspour transformer le lait en fromage. Ils (les jurisconsultes) ne rendent pas lelait impur car leur usage est pardonnable. Tel serait le cas, si nous disionsque l’alcool est impur. Si nous disions qu’il est pur suivant l’opinion d’ach-Chawkaani et le choix de la commission des fatwas d’al-Azhar, il n’y aurait aucune ambigüité.Allah le sait mieux.»
Les ulémas de la Commission Permanente pour laConsultance ont été interrogés en ces termes:
A. Comment l’islam juge-t-il la consommation du fromagehollandais?
B. Comment l’islam juge-t-il la consommation du poissonsalé et des sardines?
C. Comment l’islam juge-t-il la consommation des boissonsglacées telles que Pepsi et Sport Cola, par exemple?
Voici leur réponse:
a- tous les fromages sont en principe licites, à moinsque le contraire soit prouvé, ce qui n’est pas encore le cas. Aussi doit ons’en tenir au statut quo.
b- le poisson salé et la sardine proviennent du poissondont la consommation reste licite , même trouvé mort.En effet, quand le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) fut interrogésur l’eau de mer, il dit à propos de celle-ci: son eau est pure et les animauxqu’on y trouve morts sont licites. Aussi peut-on les consommer.
c- tout ce que vous avez mentionné en matière de boissonsest licite sauf quand leur consommation en grande quantité rend ivre.» Fatwa dela Commission Permanente (22/314).
Les membres de ladite commission furent interrogés encoreen ces termes: «Beaucoup de rumeurs circulent à propos du fromage importé et duPepsi. On dit souvent que ces deux produitscontiennent des aditifs interdits (dont la consommation est interdite parl’islam)?
Voici leur réponse:«S’agissant du fromage importé et du Pepsi, nous n’avons rien de clair nous permettant de lesjuger interdits, étant donné que les choses restent licites jusqu’à ce qu’unepreuve vienne lesinterdire. Si toutefois on éprouve des doutes à leur propos, qu’on abandonne cequi suscite des doutes pour ce qui n’en suscite pas en application du hadithallant dans ce sens.
Nous avons écrit au Ministère du Commerce à propos dufromage importé, et le Ministère a répondu que le produit est débarrassé detout mélange interdit. Nous demandons à Allah Très-haut de nous assistertous à bien comprendre Sa religion.»(22/262). Voir encore la réponse donnée à la questionn° 22013.
Allah le sait mieux.
Source:
Islam Q&A
Réponses correspondantes