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La signification des propos d’Abou Hourayrah (P.A.a):«Quant à l’autre, si je le diffusais, on me couperait la gorge.»

Question: 147659

Il a été rapporté d’après Abou Hourayrah (P.A.a) qu’il a dit: J’ai reçu du Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) deux récipients et j’en ai transmis un. Quant à l’autre, si je le diffusais, on me couperait la gorge. Les soufis prétendent que le savoir tu par Abou Hourayra est celui qui porte sur l’unicité de l’existence. Peut-on nous expliquer ce savoir dissimulé par Abou Hourayra (P.A.a) et quel en est l’argument?

Louanges à Allah et paix et bénédictions sur le Messager d'Allah et sa famille.

Louanges à
Allah

Les propos
d’Abou Hourayra (P.A.a) en
question se présentent comme suit: J’ai reçu du Messager d’Allah (Bénédiction
et salut soient sur lui) deux récipients et j’ en
aitransmis un. Quant à l’autre, si je
le diffusais, on me couperait la gorge.
(Rapporté par al-Bokhari
n° 120).D’après Yazin ibn al-A’sam,
on a dit à Abou Hourayra:

Tu
racontes trop d’histoires!

Si je
vous racontais tout ce que j’ai entendu du Prophète (Bénédiction et salut
soient sur lui), vous me qualifieriez de “ramasseur de n’importe
quoi” et ne discuteriez plus avec moi.
(Rapporté par Ahmad dans al-Mousnad (16/563) Les vérificateurs (des hadiths)
jugent sa chaîne de transmission authentique.

S’agissant
de l’allégation des soufis selon laquelle la partie tue par Abou Hourayra représente la savoir
ésotérique qui porte sur l’unicité de l’existence, elle est fausse pour
plusieurs considérations:

1.Cette allégation
ne repose sur aucun argument. Abou Hoyrayra lui-même
ne s’est pas prononcé sur le contenu des hadiths qu’il n’a pas dévoilés.
Comment dès lors ont ils (les soufis) pu en connaître la vraie nature?

2. La
théorie de l’unicité de l’existence implique une mécréance sans ambages de
l’avis unanime des ulémas de l’islam. Attribuer une telle théorieà un auguste compagnon comme Abou Hourayra (P.A.a) est le pire
mensonge qu’on puisse proférer.

3.Si la
théorie de l’unicité de l’existence ou le savoir ésotérique était acceptable pour
la religion, comment le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) l’aurait-il
caché et donné à ses compagnons l’ordre d’en faire de même? Pourquoi aurait-il
caché une vérité relavant des questions fondamentales de la religion alors
qu’Allah le Puissant et Majestueux dit: Certes ceux qui cachent ce que Nous
avons fait descendre en fait de preuves et de guide après l’exposé que Nous en
avons fait aux gens, dans le Livre, voilà ceux qu’Allah maudit et que les maudisseurs maudissent.
(Coran,2:159).

Les ulémas
des musulmans sont unanimes à soutenir que ce qu’Abou Houraura
déclara avoir caché n’a rien à voir avec l’unicité de l’existence ou le savoir
ésotérique et qu’il s’agit de hadiths évoquant des troubles à venir et les
signes de l’Heure apparaissant au temps de certains princes contemporainsd’Abou Houraura.
Celui-ci les cacha par crainte de s’exposer à leur répression et à leur
injustice, estimant que la dissimulation de tels hadiths ne constituait pas une
quelconque amputation de la religion. L’injustice de l’injuste est flagrante et
n’a pas besoin d’un hadith pour être connue.

Al-imam al-Qourtoubi (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde)
dit: Selon nos ulémas, ce qu’Abou Hourayra s’est
abstenu de divulguer par crainte de s’exposer à des épreuves
, voire à l’exécution, avait trait aux troubles à venir, à la
désignation des personnes apostasiées, à des hypocrites et consorts, choses qui
ne relevaient pas des explications nécessaires à la bonneguidée. Allah Très-haut le sait mieux.
Al-Djaamili ahkaam al-qour’an (2/186).

L’imam adh-Dhahabi (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde)
dit: D’après Makhoul, Abou Hourayra
disait : que de gens intelligents aux quels je n’ai pas communiqué le savoir!

Ce qui m’a
fait dire que ces propos indiquent la permission de dissimuler des hadiths
susceptibles de provoquer des troubles affectant les questions essentielles ou
secondaires et pouvant être interprétées comme des louanges ou un dénigrement.
Quant à un hadith traitant du licite ou de l’illicite, il n’est pas permis en
aucun cas de le taire car il relève des explications de la guidée. On lit dans
le Sahih d’al-Bokhari
ces propos d’Ali (P.A.a): Racontez aux gens ce
qu’ils sont en mesure de comprendre et laissez ce qu’ils risquent de contester
(par incompréhension). Voulez-vous qu’ils démentissent Allah et Son Messager?

Si Abou Hourayra diffusait le contenu de son récipient, il se
serait exposé à la nuisance, voire à l’exécution. Un uléma peut toutefois
diffuser un hadith donné pour faire revivre la Sunna. Il serait traité en
fonction de son intention et recevrait une récompensemême si son effort était erroné.» Extrait de Siyarou a’alaam an-noubalaa (2/597).

Al- Hafedz Ibn Hadjar (Puisse Allah
lui accorder Sa miséricorde):« Le fait pour les ulémas de considérer les
hadiths non divulgués comme étant ceux qui contenaient les noms de mauvais
gouvernants, les conditions prévalant au temps de leur règne (s’explique) en
ceci qu’Abou Hourayra faisait allusion à certains
d’entre eux tout en restant dans le flou par crainte de leur répression. C’est
dans ce sens qu’il disait: Je sollicite la protection d’Allah contre le début
des année soixante, et la gouvernance des jeunes
faisant allusion à
l’accession au califat de Yazid fils de Mouavia, survenu en l’an 60 de l’Hégire. Allah exauça
l’invocation d’Abou Houraura car il mourut un an plus
tôt.

Ibn al-Mounir a dit: Les ésotériques utilisentce hadith pour soutenir leur fausse théorie
selon laquelle la charia possède deux phases; l’une apparente et l’autre
cachée. Or, cette dernière revient en définitive à diluer la religion.
Il
poursuit en disant: en employant l’expression : “on me
couperait”…il entendait dire que les tyrans lui amputeraient la tête
s’ils l’avaient entendu dénoncer leurs actes et les juger aberrants. Ceci est
corroboré par le fait que si les hadiths dissimulés renfermaient des
dispositions légales, il n’aurait pas pu les occulter.
D’autres ont dit: Il
est probable qu’en plus de cela, il entendait parler de hadiths relatifs aux signes
de l’Heure, aux vicissitudeset conflits
de la fin des temps, choses qui auraient été rejetées par ceux qui ne seraient
pas habitués (à ce genre de prédiction) et remises en cause par des
indifférents.
Extrait de Fateh al-Bari (1/216).

L’érudit,
Muhammad Rachid Ridha, (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde), dit: «Quant
aux mystiques, certains d’entre eux ont bondi sur ces textes ambigus et leurs
interprétations à cause de l’insuffisance de leur maîtrise du savoir tiré du
Livre et de la Sunna. Ils s’accrochent à des hadiths apocryphes et se servent
du sens apparent de certains hadiths et traditions authentiques comme ces
propos rapportés par Abou Hourayra: J’ai reçu du
Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) deux récipients et j’ en aitransmis un.
Quant à l’autre, si je le diffusais, on me couperait la gorge.
en désignant sa
nuque car si on l’avait égorgé, sa gorge aurait été amputée.

Les
ignorants parmi les mystiques prétendent que ce qu’ils possèdent en termes de
connaissances gnostiques provient de l’autre récipient d’Abou Hoyrayra. Une partie d’entre eux croient que leurs maîtres
disposent d’une chaîne de transmission qui véhicule le savoir ésotérique depuis
certains compagnons ou imams issus des gens de la Maison (prophétique) (Puisse
Allah les agréer)

Les ulémas
sûrs ont retenu qu’Abou Houyrara n’a tu que des
hadiths évoquant des troubles en perspective, une détérioration de la vie
religieuse et profane provoquée par de jeunes gouvernants issus de la populace
Quraychite, en l’occurrence les Umayyades. Il a été rapporté qu’il avaitdemandé à Allah de le protéger contre l’an 60
et la gouvernancedes jeunes. Il décéda
en l’an 57 ou 59 de l’Hégire. En l’an 60, Yazid fils
de Mouavia accéda au pouvoir et l’on comprit que ce de son
gouvernement qu’Abou Hourayra avait sollicité la
protection divine. Allah Très-haut l’en protégea car il ne vit pas ses jours
sombres.

Il a été
rapporté qu’il disait au sujet des jeunes gouvernants Quraychites qui allaient
provoquer la détérioration des affaires religieuses des musulmans, selon un
hadith, si je voulais citer leurs noms, jele ferais.Ce qui signifie que- à l’instar de Houdhayfa
ibn al-Yaman- il avait reçu du Prophète (Bénédiction
et salut soient sur lui) des informations relatives aux troubles et aux mauvais
gouvernants et qu’il les dissimulait par peur de représailles de la part de ces
tyrans corrupteurs. Quant à la dissimulation d’un élément quelconque de la
religion, elle est l’objetd’une interdiction
consensuelle fondée surdes textes tirés
du Livre et de la Sunna.» Extrait succinct du Tafsir
al-Manar (6/390).

L’érudit
algérien, Tahir, (Puisse Allah lui accorder Sa
miséricorde) dit:« par le premier récipient, il entendait désigner les hadiths
dont la diffusion ne représentait aucun inconvénient selon lui et , par le deuxième récipient, il entendait désigner les
hadiths révélant et dénigrant les gouvernants injustes car il a été rapporté de
lui qu’il a dit: Si je voulais les nommer, je le ferais. Il s’était empêché
de les dénoncer par crainte d’être réprimé.

Pour
certains soufis, il entendait faire allusion à des hadiths évoquant des secrets
divins que seuls des gens dotés de cœurs éclairés peuvent saisir.Dire que c’est ce dernier sens qui est voulu
est discutable. Car s’il en était ainsi, il n’aurait pas été permis à Abou Hourayra de les dissimulerà tous, et il les aurait communiqués à une partie des particuliers.»
Extrait succinct de Tawdjiih an-Nadzar (1/63-64). Voir la réponse donnée à la question n°
139569.

Allah le
sait mieux.

Source

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