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Ils refusent de participer à la prière marquant la fête derrière ceux qui adoptent un nombre de takbiir différent de celui qu’ils retiennent

Question: 224032

Le nombre des takbiir de la dite prière s’élève-il au 6 ou au 12? Il y a une grande divergence de vues entre les frères hanafites et les salafites autour de la question. Les derniers disent qu’ils ne prient pas derrière les premiers à moins qu’ils ne soient prêts à porter le total du nombre des takbiir dans les deux rakaa à 12, ce que les premiers ne sont pas prêts à faire. Cela étant, la prière est célébrée deux fois au même endroit mais à différents moments. Qu’en dit la loi religieuse? Peut-on trouver une solution médiane consistant à accomplir la prière une année selon le rite hanafite et l’année suivante selon le rite salafite?

Texte de la réponse

Louanges à Allah et paix et bénédictions sur le Messager d'Allah et sa famille.

Louangesà Allah

Premièrement,on lit dans l’encyclopédie juridique (13/209):«Selon les hanafites et lesmalikites, la prière marquant la fête compte six takbiir(Allah akbar) dans la première rakaaet cinq dans la seconde. Cette pratique est rapportée des Sept  Jurisconsultes médinois, d’Omar ibn AbdoulAziz, de Zouhri et d’al-Mouzani.Il parait qu’ils incluent le takbiir d’entrée dansles sept à prononcer dans la première rakaa comme ilsconsidèrent que le takbiir de redressement s’ajouteau cinq reçues à propos de la seconde rakaa. Leshanafites et Ahmad, selon une version, pensent la prière de la fête compte six takbiir supplémentaires (qui s’ajoutent à celle d’entrée enprière) trois dans la prière rakaa et trois dans laseconde rakaa. C’est aussi ce que disent Ibn Massoud,Abou Moussa al-Achaari, Houdhayfatouibn al-Yamaan, Ouqbatou ibnAmer, Ibn Zoubayr, Abou Massoud al-Baderi,al-Hassan al-Basseri,Muhammad ibn Sirine, ath-Thawriet les ulémas de Koufa. C’est encore une versionreçue d’Ibn Abbas.

Pour leschaffites, les takbiirsupplémentaires sont au nombre de sept dans la première rakaaet au nombre de cinq dans la seconde. Al-Aynimentionne dix-neuf avis relatifs au nombre des takbiirsupplémentaires.»

Ach-Chawkaani (Puisse Allah lui accorder Samiséricorde) a dit:« Une divergence de vues oppose les ulémas à propos dunombre et de l’emplacement des takbiir à prononcerdans les deux rakaa de la prière marquant la fête. Ilen a résulté dix avis. Selon le premier, on prononce sept takbiirdans la première rakaa avant la récitation du Coranet cinq takbiir dans la seconde avant la récitationdu Coran.

Al-Iraqui dit:C’est l’avis de la plupart des ulémas issusdes compagnons, de leurs successeurs et des imams.

Selon ledeuxième avis, le nombre de takbiir est de sept dansla première rakaa. C’est l’avis de Malick, d’Ahmad et d’al-Mouzani.Le troisième avis est que le nombre de takbiir est desept dans la première rakaa et de sept dans la seconde.Cet avis est rapporté d’Anas ibn Malick, d’al-Moughirah ibn Chou’ba, d’IbnAbbas, de Said ibn al-Moussayyibet d’an-Nakhai. Le quatrième avis est que la premièrerakaa compte trois takbiiraprès celle de l’entrée à prononcer avant la récitation du Coran. La seconde rakaa compte trois takbiir aprèsla récitation du Coran. Cet avis est rapporté d’un groupe des Compagnons,notamment Ibn Massoud, Abou Moussa , Abou Massoud al-Ansaari. C’est l’avis d’ath-Thawriet Abou Hanifah…» Extrait de Naylal-Awtaar (3/355). Le plus authentiqueenseignement tiré de la Sunna sur le sujet réside dans ce hadith d’Aicha: LeMessager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) avait certes l’habitudede prononcer dans les premières rakaa des prièresmarquant la fête de fin de Ramadan et la fête du Sacrifice sept takbiir dans les premières et cinq dans les deuxièmes rakaa. (Rapporté par Abou Dawoud(1149). hadith jugé authentique par al-Albanidans  SahihiAbi Dawoud. C’est l’avis dela majorité des ulémas.

Ibn Abd al-Barr (Puisse Allah luiaccorder Sa miséricorde) a dit: Il a été rapporté par des voies nombreuses etbelles que le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) prononça dans lesprières marquant les deux fêtes sept takbiir dans lapremière rakaa et cinq dans la seconde…Quant auxCompagnons (P.A.a), leurs avis divergèrent grandementà propos du takbiir à prononcer dans la prièremarquant les deux fêtes. La génération qui suivit immédiatement celle desCompagnons entretint la même divergence de vues sur la question. Extrait du Tamhiid (16/37-39). Voir la réponse donnée à la question n° 36491.

Deuxièmement,la divergence des opinions sur ces questions s’inscrit dans le cadre del’acceptable. On ne doit rien reprocher à celui qui n’a pas le même avis quenous. Comment contester l’avis de son vis-vis alorsque les avis opposés sont reçus des Compagnons (P.A.a),pionniers de l’effort personnel de réflexion sur les textes (idjtihad), le partisans de laSunna et ses fidèles gardiens.

Voilàqui poussa l’imam Ahmad (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde ) à soutenirla permission de l’acceptation de tous ce qui est reçu des Compagnons (P.A.a) à propos des takbiirsupplémentaires à prononcer dans la prière de la fête. Il dit: Une divergencede vues opposa les compagnons du Messager d’Allah (Bénédiction et salut soientsur lui) à propos des takbiir. Ce qui est tout-à-fait permis. Extrait de al-fourou'(3/201).

CheikhMuhammad ibn Outhaymine (Puisse Allah lui accorder Samiséricorde) a dit après avoir mentionné que le nombre des takbiirest de sept dans la première rakaa et de cinq dans laseconde: «Si on s’écartait de cet ordre, et prononçait cinq takbiirou sept dans les deux rakaa de la prière, on ne s’enconformerait pas moins à des pratiques reçues des Compagnons. l’imam Ahmad a dit: Une divergence de vues opposa lescompagnons du Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) à proposdes takbiir. Ce qui est tout-à-faitpermis. Autrement dit, l’imam Ahmad pensait que l’affaire est l’objet d’unegrande latitude et que si quelqu’un se prononçait contrairement à la pratiquehabituelle mais d’une manière conforme à ce qui est reçu des Compagnons, celane représenterait aucun inconvénient.

Il y alà une des règles directrices de la doctrine de l’imam Ahmad. En effet, pourlui, quand les ancêtres pieux avaient des avis différents dans une affaire etqu’aucun texte ne permettait de trancher, tous les avis se valent en ceci qu’ilest permis d’en adopter l’un quelconque. Ceci repose sur le respect que l’mam nourrissait envers les propos des Compagnons. Ildisait: En l’absence d’un texte clair qui exclut l’un des avis, le sujet fait l’objet d’une grande latitude.

Nuldoute que l’approche de l’imam Ahmad est la plus apte à rassembler la Umma au tour du même discours. D’autres font de ladiversité d’opinions dans un domaine où l’effort personnel de réflexion estpermis une cause de dissension et de division et vont jusqu’à qualifier unfrère (en la foi) d’égaré alors qu’il se peut que l’auteur de ce jugement  soit le vrai égaré!

C’estune épreuve répandue à notre époque en dépit de ce qu’elle porte en termes debons présages que reflète le réveil des jeunes en particulier. L’épreuve peuttoutefois entraver le réveil et replonger la jeunesse dans une profonde torpeurà cause des divisions. Celles-ci  setraduisent par le fait que quand on se rend compte que son frère (en lafoi)  soutient une opinion différente dela sienne à propos d’une question sur laquelle l’effort de réflexion personnelest permis parce qu’aucun texte clair ne la tranche, on se met à le stigmatiser,à le remettre en cause, voire à l’insulter. C’est une véritable épreuve quifait un grand plaisir aux ennemis du présent réveil.

Quandune affaire est susceptible de faire l’objet d’un effort personnel deréflexion, que chacun de nous excuse son frère (en la foi) dans les résultatsde son effort. Il n’y a aucun inconvénient à engager un dialogue utile et calmeentre frères (en la foi).

PuisseAllah récompenser  l’imam Ahmad par lebien pour cette belle approche fondée sur le principe selon lequel quand lesancêtres ont émis des avis différents sur une affaire et qu’aucun texte nepermet de trancher, l’affaire fait l’objet d’une grande latitude, ce qui est tout-à-fait permis. Extrait de charhal-moumt’i (5/135-138).

Cecimontre clairement qu’il n’y a aucun inconvénient à adopter un avis reçu desCompagnons (P.A.a) même s’il reste préférable deporter le nombre des takbiir à sept dans la première rakaa et à cinq dans la seconde.

Troisièmement,il faut œuvrer pour rapprocher et rassembler les cœurs car cela repose sur l’undes fondements de la religion. Il n’est pas permis de détruire ce fondement aunom de l’application d’une pratique recommandée par la Sunna dont l’abandon nereprésente aucun inconvénient et ne génère aucun péché.

Eneffet, rien n’empêche de discuter , de chercherensemble et de dialoguer calmement pour parvenir à l’adoption de l’avis le plussolide qui colle  le mieux à la Sunna. Sitoutefois on ne parvient pas à un accord et si chaque partie se croit plusproche de la Sunna et perpétue l’avis de prédécesseurs issus des compagnons etde leurs successeurs immédiats et des imams, il faut dans ce cas que les musulmans de la ville sechoisissent  un imam pour accomplir uneseule prière et éviter la division car celle-ci serait profitable à Satan etréjouirait leurs ennemis.

Il estdéjà écrit dans la fatwa n° 12585 que quand l’imam fait dans la prière quelquechose que celui qui prie derrière lui ne croit pas institué, ce dernier doit suivreson imam, du moment que la question qui les oppose relève du domaine de l’idjtihad (matière ouverte à la réflexion personnelle desgens compétents).

Queferaient ces gens-là s’ils avaient la chance de prier derrière les augustesCompagnons que furent Abdoullah ibn Massoud, AbouMoussa al-Achari et Abou Moussa al-Badriqui, tous , prononçaient le takbiir trois fois danschacune des deux rakaa de la prière? Auraient-ilsrefusé de prier  derrière ces illustresimams qui pourtant sont reconnus par la Umma comme telsparce qu’ils étaient les plus instruits et les plus pieux?

Ensomme, la différence du nombre des takbiirsupplémentaires dans les prières marquant les deux fêtes ne justifie pas ladivision des musulmans et l’organisation d’une autre prière. En effet, organiserdeux prières , une pour chaque groupe, est uneinnovation abominable qui accentue la division au sein des musulmans. Cecin’échappe à aucun homme raisonnable et il ne se fonde sur aucune loi religieuseet aucun enseignement de la Sunna ne l’atteste.

Aussin’est-il pas permis de dire: nous prions une fois à la salafiteet une autre fois à la hanafite car ce qui est demandé à tous les fidèles c’estde suivre la voie des imams de l’islam que sont Abou Hanifa,Malick, Chafii , Ahmad et lesautres. Faisons preuve de tolérance à propos de tout ce qui fut l’objet d’unedivergence d’opinion acceptable au sein des Compagnons et des ulémas.

Nousdemandons à Allah Très-haut de rassembler les musulmans autour de la vérité et deréunir leurs cœurs.

Allah lesait mieux.

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