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Est-il permis de faire semblant de pleurer quand on est en prière ?

Question: 323358

Si on n’a pas envie de pleurer pendant la prière, peut-on faire semblant de le faire ?

Résumé de réponse

Pleurer en priant découle de l’état de révérence qu’on y éprouve. Quant aux pleurs feints, ils ont l’objet d’un hadith faible. S’il était vérifié, il signifierait qu’on doit éprouver un sentiment de tristesse émanant du cœur non des pleurs artificiels

Texte de la réponse

Louanges à Allah et paix et bénédictions sur le Messager d'Allah et sa famille.

Pleurer en priant découle de l’état de révérence qu’on y éprouve. Allah le Très-haut a rendu hommage à ceux qui prient révérencieux : «  Bienheureux sont certes les croyants,

ceux qui sont humbles dans leur Salat, » (Coran,23 :1-2)

Selon Ibn Djizzi (puisse Allah lui accorder Sa miséricorde), la révérence reflète un état de peur et d’une extrême humilité en face de la grandeur du Maître Auguste. Cet état rejaillit sur les organes de sorte à les apaiser pour favoriser la concentration et faire pleurer. » Extrait du Tafsir d’Ibn Dizzi (2/48)

Pleur en priant en expression de sa crainte d’Allah est institué et recommandé puisqu’Allah le Très-haut dit : « Et ils tombent sur leur menton, pleurant, et cela augmente leur humilité » (Coran,17 :109)

Pour al-Qourtoubi, la parole du Très-haut « pleurant » indique qu’il est permis de pleurer pendant qu’on prie par crainte d’Allah le Très-haut pour Lui avoir désobéi. Agir ainsi n’interrompt pas la prière et ne nuit en rien. » Extrait du Tafsir d’al-Qourtoubi (10/342).

Il a été rapporté que le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) et ses compagnons pleuraient par crainte d’Allah quand ils priaient..

Abdoullah ibn ach-Chikhiir (p.A.a) a dit : « je me suis rendu auprès du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) et l’ai trouvé en prière alors que son ventre émettait un bruit comme celui d’un écueil (sur le feu). Il entend par là qu’il pleurait.» (rapporté par an-nassaie (1214) et jugé authentique par al-Albaani.

D’après Aicha, la Mère des Croyants, le Messager (bénédiction et salut soient sur lui) a dit au cours de sa maladie : « dites à Abou Bakr de diriger la prière pour les gens » et je lui ai dit : si Abou Bakr prend ta place, il ne sera pas en mesure de faire entendre sa voix aux gens à cause de ses pleurs, laisse Omar te remplacer ...»(rapporté par al-Boukhari (716)

Cette manière de pleurer reflète la révérence mais son absence ne l’exclut pas. De nombreux compagnons ont décrit la prière du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) sans parler de pleur alors qu’il était le plus révérencieux.

At-Tabari a rapporté d’après Ibn Abbas (p.A.a) que la parole du Très-haut : « pleurant» signifie : craintifs et calmes. » Voir Tafsir de Tabari (10/17)

Cheikh Chinquiti (puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : « le sens premier de la révérence implique calme, tranquillité et humilité. »Quant à son sens religieux, c’est la crainte d’Allah qui habite le cœur  et se reflète sur les organes. » Extrait de adhwaa al-bayaan (5/825)

Deuxièmement, l’acceptable en matière de pleur c’est ce qui s’impose au fidèle parce que dicté par son cœur dominé par la révérence quand il entend réciter les versets d’Allah.

Celui ne pleure pas doit se mettre à méditer et éprouver la soumission dans son cœur et dans ses organes. Les deux choses ne sont pas nécessairement liées ;le cœur peut éprouver la révérence sans qu’on pleure comme on peut pleurer  sans être révérencieux. Ce qui est le pire des états. Puisse Allah nous en protéger.

Quant au hadith selon lequel « la révélation du Coran s’est accompagnée de tristesse et quand vous le récitez, pleurez, et si vous ne pouvez pas le faire, faites semblant » , (rapporté par Ibn Madjah (1337) il est faible et n’est pas vérifié. Pour al-Bousayri, sa chaîne de transmission comporte Abou Rafie qui s’appelle Ismail ibn Rafie.Il est faible et abandonné. » Voir misbaah az-zoudjadjah fii zawaid ibn Maddjah (1/157) jugé faible par al-Albani.

A supposer que le hadith soit authentique, faire semblant de pleurer  signifie concentration et entretien d’un sentiment de tristesse sans s’efforcer d’émettre un bruis qui fait croire qu’on pleure. Car c’est interdit. Bien plus , certains ulémas disent que si on le fait exprès, on annule sa prière.

Al-Fayyoumi (puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : « Ibn Abbas a dit : « quand il (l’imam) en arrive à réciter le verset au quel on doit procéder à une prosternation (Coran 17/109) ne vous empressez pas à vous prosterner avant de pleurer si ce n’est par les yeux que cela soit par le cœur. Pleurer par le cœur c’est éprouver de la tristesse. » Extrait de Fateh al-Moudjiib alaa at-targhiib wa at-tarhiib (7/121)

On a interrogé son éminence cheikh Abdoul Aziz ibn Baz (puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) en ces termes : « comment juger le fait de faire semblant de pleurer et quel est le degré d’authenticité des hadiths allant dans ce sens ? » Voici sa réponse : « on lit dans certains hadiths : « si vous ne pouvez pas pleurer faites semblant » Je ne sache pas que cela soit authentique. Il semble qu’il faut éviter de faire semblant. S’il vous arrive de pleurer naturellement, évitez de déranger les autres et efforcez-vous à vous maîtriser  autant que possible. » Extrait du recueil des avis juridiques consultatifs et des articles (11/347)

On a interrogé cheikh Ibn Outhaymine (puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) en ces termes : « comment juger le faite de faire semblant de pleurer à haute voix afin de se montrer humble au cours d’une prière collective à la mosquée? »Voici sa réponse : « ces pleurs artificiels que font certains ne sont pas institués. » Ce qui est institué se limite à ce qu’impose la révérence éprouvée dans le cœur à cause du sentiment de la grandeur du Maître et de la crainte qui en résulte. Si cela s’accompagne d’un bruit involontaire, il n’y a aucun inconvénient. Ce sont les pleurs artificiels qu’il faut éviter pour se mettre à méditer la parole d’Allah, le Puissant et Majestueux. La méditation sincère fondée sur la connaissance des sens adoucit le cœur, le subjugue et  fait pleur par peur à l’évocation du châtiment ou de la récompense, ou à la mention du Maître pour Le glorifier ou du Messager et sa vie pour raviver son amour et son affection. Extrait de al-liqaa ach-chahri (5/8) selon la numération de la libraire numérique.

Allah le sait mieux.

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