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16,82003/10/2014

«Lis au non de ton Maître» véhicule un ordre de réciter et non de lire

Question: 199949

Depuis quelques jours l’un de mes amis non musulmans m’a interrogé à propos de la première rencontre entre Gabriel (psl) et le Prophète Muhammad (Bénédiction et salut soient sur lui). Il a dit: pourquoi Gabriel a demandé à Muhammad de lire au lieu de lui dire : dis comme il est courant de le faire dans de nombreux versets. Gabriel n’ayant pas remis à Muhammad un livre, qu’est-ce que ce dernier allait lire?

Cette question m’a rendu perplexe et je n’ai pas su ce qu’il fallait lui dire. Voilà pourquoi je vous ai transmis la question pour obtenir une réponse. J’espère la recevoir rapidement.

Texte de la réponse

Louanges à Allah et paix et bénédictions sur le Messager d'Allah et sa famille.

Louanges à Allah

Il est clair que cettequestion est dictée par le manque connaissance de la langue arabe dans laquellele Coran a été révélé et la non imprégnation desusages que les arabes font des mots selon les contextes dans lesquels ils lesemploient. La question ne pose pas un véritable problème. La réponse à luiporterest facile pour celui qui connait le sens du terme iqra(lis) en langue arabe.

Ce terme a deuxacceptions. La première consiste à lire un écrit. C’est le sens qui précède àl’esprit. C’est dans ce sens qu’Allah Très-haut dit: Lis ton écrit.Aujourd’hui, tu te suffis d’être ton propre comptable. La seconde est larécitation à partir de sa mémoire, donc sans regarder un écrit. C’est à ce sensque renvoie la parole d’Allah le Puissant et Majestueux: Son rassemblement(dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire) Nous incombent, ainsi que lafaçon de le réciter. Quand donc Nous le récitons, suis sa récitation (Coran,75:17-18). Il est bien connu que Gabriel récitait le Corandevant le prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) sans disposer d’unécrit. C’est encore au même sens que renvoie la parole d’Allah le Puissant etMajestueux: Lorsque tu lis le Coran, demande la protection d’Allah contre leDiable banni. (Coran,16:98) et la parole duTranscendant: Et quand tu lis le Coran, Nous plaçons, entre toi et ceux qui necroient pas en l’au-delà, un voile invisible. (Coran,17:45)Il en est de même de la parole du Très-haut: (Nous avons fait descendre) unCoran que Nous avons fragmenté, pour que tu le lises lentement aux gens. EtNous l’avons fait descendre graduellement.

Tous ces versetsqualifientde lecture la manière dont leProphète (Bénédiction et salut soient sur lui) récitait les versets du nobleCoran, bien que le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) fût unillettré qui ne savait pas lire dans un livre et ne pouvait que réciter cequ’Allah avait rassemblé dans son cœur.

C’est ainsi que nousdevons comprendre le sens de la parole d’Allah le Puissant et Majestueux: Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence.Lis! Ton Seigneur est le Très Noble. Il faut comprendre tout cela comme unordre de réciter de mémoire, de répéter ce que Gabriel lui dictait. Le Prophète(Bénédiction et salut soient sur lui) répondit en disant: Je ne sais paslire. C’est-à-dire: je ne sais pas lire à partir d’un écrit. Commentpourrais-je réciter quelque chose que je n’ai pas appris en mémoire.

Cheikh Atiyah Salim (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde)dit: qiraah signifie linguistiquement faire apparaitre et ressortir. C’est de là que provient ladescription de la chamelle qui n’a pas encore produit un petit… le mêmecheikh a expliqué ailleurs le sens linguistique de ce terme. Le fait d’adresserà un prophète illettré l’ordre de lire ne renferme aucune contradiction car leterme qiraa peut renvoyer aussi bien à lalecture à partir d’un écrit qu’à la récitation. Il s’agit ici de reprendre ceque Gabriel (psl) lui récitait. Ceci met davantage enrelief un miracle dans la mesure où c’est l’illettré d’hier qui devient unmaître le lendemain. Le contexte des versets évoque lecture et récitationpuisqu’il réunit la lecture et l’enseignementavec l’usage de la plume. Extrait de TatimatouAdhwaa il bayan fii idhah al-Qour’anbil Qour’an (9/13).

L’érudit Tahir ibn Achour (Puisse Allahlui accorder sa miséricorde) dit: Lis véhicule l’ordre de lire. La lectureconsiste à prononcer des mots écrits ou appris de mémoire. L’ordre portant surla lecture est employé dans son sens réel qui consiste à demander qu’un actesoit accompli immédiatement ou dans le futur proche. Il s’agit ici de répéterce qui lui est dicté. Ce qui permet de savoir qu’il y a là un ordre de liredans le futur proche c’est qu’on avait dicté au Prophète auparavant quelquechose à réciter et qu’on lui demanderait à l’instant de réciter. Il n’avait pasnon plus reçu une feuille écrite dont on lui demanderait de lire le contenu.C’est comme le cas du maître qui dit à son élève: écris pour que l’élèves’apprête à écrire ce qu’on va lui dicter.

On trouve dans les deux Sahih un hadith dans lequel Aicha (P.A.a) dit:«…Jusqu’au moment où la Vérité lui parvintalors qu’il se trouvaitdans la grotte Hiraa. En effet, c’est là que l’ange vint lui dire:

Lis à quoi il ditavoir répondu:

Je ne sais pas lire.Il me saisit et me couvrit au point de m’exténuer avant de me relâcherdit-il.

Lis Reprit l’ange.

Je ne sais pas lire.Répétais-je. Il me saisit une deuxième fois au point de m’exténuer avant de merelâcher et dire:

Lis

Je ne sais pas lire.Dis-je. Il me saisit un troisième fois puis me relâcha et dit:

Lis au nom de tonMaître qui a créé…ce qu’il ne savait pas.

Aicha reçut cehadithdu Prophète (Bénédiction et salutsoient sur lui) puisqu’elle y dit: «Il (le Prophète) a dit: je lui ai dit: jene sais pas lire. Tout ce qu’elle dit dans le hadith fut incontestablement reçude lui par elle. Elle dit dans le hadith:« Le Messager d’Allah rentera avec cequ’il avait reçu le cœur secoué. C’est-à-dire : il rentera porteur des versetsqui lui avait été dictés. Ils furent gravés dans son subconscient. Ce quiindique que le Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) avaitbien reçu la révélation et l’avait récitée. Ceci est clarifié davantage par saparole dans le hadith: Khadidja l’emmena auprès de Waraqa ibn Nawfal et lui dit: ôcousin! Ecoute ton neveu. C’est -à-dire la parolequi lui a été révélée. Ce qui révèle qu’après la troisième saisie à la suite delaquelle on lui dit: lis au nom de ton maître…jusqu’à la fin des cinqversets, il les récita immédiatement comme Allah lui en avait donné l’ordre. Ilrentrera de la grotte Hira en les répétant.

Cela étant, la phraselis répétée trois fois par l’ange ne fut qu’une reprise des termes révéléspar Allah. La répétition visa à l’habituer à réciter quelque chose qu’iln’avait appris auparavant. On n’a pas mentionné l’objet du verbe lis. C’estsoit parce qu’il est employé comme un verbe intransitif puisqu’il s’agit deréaliser la lecture ouparce que lecontexte laissedeviner clairement cequ’il faut lire. C’est comme si on disait: récite le Coran que nous allons vousdicter.» Extrait de At-tahrir wa at-Tanwiir (30/435).

En somme, l’ordre delire donné dans le verset lis au nom de ton Maître n’implique pas la lectureà partir d’une feuille car il s’agit de réciter une chose apprise d’une manièreparticulière. Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) répondit endisant qu’il était illettré. Il n’avait rien appris par cœur à partir d’unlivre lu. Gabriel lui révéla les débuts de la sourate al-alaqpour qu’il l’apprît par cœuret leréciter ensuite.

Allah le sait mieux.

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