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L’usure est interdite à celui qui la produit et à celui qui la consomme comme il est interdit d’apporter une quelconque aide à sa perpétuation

Question: 202904

Vous avez mentionné dans une réponse à l’une des questions envoyées à votre site qu’il n’est pas permis de travailler dans un cabinet d’expert-comptable qui traite avec des clients impliqués dans des transactions usurières. Vous avez encore cité le hadith du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) dans lequel il maudit trois catégories de personnes, dont les témoins et l’enregistreur de telles transactions.

Cependant, al-Hafedz Ibn Hadjar l’un des commentateurs du hadith, dit : « Ceci s’applique au complice de l’initiateur de la transaction. Quant à celui qui se contente de l’enregistrer et celui qui atteste avoir assisté à l’opération pour faire émerger la vérité, ceux-là agissent de bonne foi et ne sont pas exposés à la menace citée dans le hadith. Celui-ci ne concerne en réalité que l’intervenant animé par le dessein d’aider l’initiateur de l’opération en l’enregistrant ou en donnant son témoignage.

On lit dans le commentaire d’Aby sur le Sahih de Mouslim : « il dit : on entend par enregistreur celui qui rédige le document et par témoin celui qui témoigne et confirme la conclusion de l’opération. Il (le Prophète) ne les a pas tous mis dans le sac maudit que parce que le contrat ne pourrait être conclu que grâce à un travail de groupe.

Quel est l’argument qui permet aux ulémas, exception faite d’Ibn Baz, de soutenir que le hadith s’applique à tous : ceux qui aident directement à conclure ce type d’opération et les autres ?

Louanges à Allah et paix et bénédictions sur le Messager d'Allah et sa famille.

Louanges àAllah

Premièrement,la révision des comptes des clients impliqués dans des opérations usurières estinterdite car elle revient à reconnaitre (le bienfondé) de l’usure, àl’enregistrer, à se taire dessus et à ne pas la dénoncer. Se référer à laréponse donnée à la question n° 108105, à laréponse donnée à la question n° 118189 et àla réponse donnée à la question n° 175492.

Deuxièmement, Mouslim (1598) a rapporté que Djabera dit : « Le Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) amaudit celui qui se nourrit de l’usure, celui qui la produit, celui quil’enregistre et celui qui la témoigne. Il dit qu’ils sont tous pareils.

Ibn Outhaymine (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde)dit :  Cela signifie qu’ils méritent tous la malédiction car ils ontagi solidairement.  Extrait de Fatawa Nouroune ala ad-darb (16/2) selon la numérotation de la Chamilah.

L’imamal-Bokhari (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a consacré un chapitre deson Sahih (3/59) intitulé : chapitresur le consommateur de l’usure, son témoin et son enregistreur en faisantallusion à ce hadith rapporté par l’imam Mouslim.Ensuite, il cite dans ce chapitre deux hadiths, dont l’un a été transmis parAicha et conçu en ces termes : «Quand les derniers versets de la souratede la Vache furent révélés, le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui)les récita puis il interdit le commerce du vin.

L’autre haditha été recueilli du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) par Samourah selon lequel le Messager d’Allah (Bénédiction etsalut soient sur lui) a dit : « J’ai vu en rêve la veille que deuxhommes se sont présentés à moi et m’ont amené à une terre sainte, d’où nousavons poursuivi notre marche jusqu’à notre arrivée au bord d’une rivière desang dans laquelle un homme se tenait debout et au milieu de laquelle setrouvait un homme devant (un amas) de pierres.

Le premierhomme s’apprêtait à sortir et chaque fois qu’il tentait de le faire, l’autrehomme lui lançait une pierre à la bouche, histoire de le repousser. La mêmescène se répétait à chaque tentative et l’autre retournait à son point départ.J’ai dit (à l’un de mes compagnons) : qui est celui-ci ?-  Leconsommateur de l’usure.  Répondit-il.

Al-Hafedz ibn Hadjar (Puisse Allahlui accorder Sa miséricorde) a dit :  Selon Ibn at-Tineles deux hadiths susmentionnés ne contiennent aucune mention de celui quiinscrit une opération usurière ou en fait témoignage.  On lui rétorqueque ces deux agents sont citésparassimilation parce qu’ils aident le consommateur de l’usure. Ceci s’applique aucomplice de l’initiateur de la transaction. Quant à celui qui se contente del’enregistrer et celuiqui atteste avoirassisté à l’opération pour faire émerger la vérité, ceux-là agissent de bonnefoi et ne sont pas exposés à la menace citée dans le hadith. Celui-ci neconcerne en réalité que l’intervenant animé par le dessein d’aider l’initiateurde l’opération en l’enregistrant ou donnant son témoignage. On peut les traitercomme celui qui dit :  La vente est comme l’usure 

Cheikh Ibn Outhaymine (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) adit :  Celui qui aide à perpétuer un acte de désobéissance enversAllah assume sa part du péché qui en résulte. Il a été rapporté de façon sûreque le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui)   a mauditcelui qui se nourrit de l’usure, celui qui la produit, celui qui l’enregistreet celui qui la témoigne car les deux témoins et celui qui enregistrel’opération concourent à l’établissement du contrat et partant reçoivent leurpart de la malédiction.  Extrait de Liqaaach-chahri (35/24) selon la numérotation de la Chamilah.

En réalité, ceque nous avons affirmé dans le site ne diffère en rien de ce que nous venons deciter et de ce que l’auteur de la question a attribué à al-Hafedzibn Hadjar ou d’al-Aby(Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde).

Travailler dansla révision des comptes bancaires ou dans les compagnies usurières revient àappuyer les contrats usuriers interdits. C’est une manière d’y participer. Lesopérations usurières ne peuvent être conclues sans l’assistance d’une structurede comptabilité.

Il y atoutefois deux cas de figure qui s’écartent de l’enregistrement et du témoignageinterdits. Le premier cas consiste à assister à l’évènement ou à l’enregistrerpour le documenter et pour servir de témoin aux parties impliquées comme al-Hafedz ibn Hadjar (Puisse Allahlui accorder Sa miséricorde) l’a mentionné. C’est comme le cas de quelqu’un quiassiste à un crime d’homicide ou de vol et qui filme ou photographie la scèneou le fixe sur papier pour déposer son témoignage auprès du gouvernant, etaider à mettre la main sur le criminel et faire jaillir la vérité.

Agir de lasorte n’a aucun rapport avec les parties impliquées dans le crime ni avec lecriminel. L’auteur d’un tel témoignage ne fait pas partie des personnesimpliquées dans l’acte ou contrat interdit. Il n’a pas aidé à commettre l’actede désobéissance ou le crime. Il n’a fait qu’œuvrer à changer un actecondamnable, à restaurer la justice dans la mesure du possible. C’est à celaque font allusion les propos d’al-Hafedz ibn Hadjar (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde). En cequi nous concerne, nous n’avons pas soutenu dans une réponse antérieurel’interdiction de telles interventions. Car elles sont bien légitimes etrecommandées.

Le deuxième casconsiste à ce que la personne, la société, ou le cabinet comptable s’engageavec une personne, une société ou une autre structure dans des transactionsusurières ou des opérations interdites sans que la première partie nes’implique directement dans les interventions interdites de ses partenaires carelle se contente en ce qui la concerne de mener avec eux des transactions etd’établir des contrats licites.

Voici unexemple : une société initie des transactions usurières. Moi, je supervisepour son compte l’exécution d’un projet licite sans rapport avec unetransaction usurière ou un projet dont l’aspect comptabilité entachée d’usureest réglée entre les agents de la société et leur banque alors qu’un agent estchargé de leurs relations avec la clientèle touchant aux achats et ventes etd’autres opérations pareilles sans rapport avecune transaction usurière.

Il n’y aucuninconvénient à s’engager dans une opération ou à s’y associersi elle s’inscrit dans ce cas de figure. Nousn’avons pas empêché l’implication dans une telle opération. Bien au contraire,nous avons affirmé clairement qu’elle est permise.

Cheikh Ibn Outhaymine a dit : « Il est permis de traiteravec une personne qui mène des opérations usurières, à condition de traiteravec elled’une manière saine. Il estpar exemple permis de faire des achats auprès d’un usurier comme il est permisde lui emprunter. Tout cela est sans aucun inconvénient. En effet, le Prophète(Bénédiction et salut soient sur lui) traitait avec des juifs qui pourtantconsommaient avec avidité des biens illicites. Il a accepté leurs cadeaux,répondu à leurs invitations et conclu avec eux des achats et ventes.

En somme, iln’y a aucun inconvénient à traiter licitement avec quelqu’un qui fait desacquisitions illicites.» Extrait e fatawas Nouroune ala ad-darb (16/2) selon la numérotation de la Chamilah. Voir la réponse donnée à la question n° 171145 et la réponse donnée à la question n° 11315.

Allah le sait mieux.

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