Louanges à Allah et paix et bénédictions sur le Messager d'Allah et sa famille.
Votrequestion constitue une source de méditation pour nous -mêmes et pour tous leslecteurs. Nous y apprenons comment un soupçon peut pousser l’homme à la ruinedans sa vie religieuse et profane , le dévier ( de lavoie droite) , l’amener à se dérober aux droits qu’il doit respecter au profitd’autrui et lui faire perdre les gens les plus proches de lui comme son épouseet ses fils. Tout cela résulte de l’ignorance qui représente le pire ennemi del’homme.
Nouscommençons par l’aspect qui se rapporte à votre question. Le fait pour votremari de vous prendre pour une mécréante resteen réalité sans effet sur le contrat de mariage, aussi long temps qu’ilne prononcera pas la répudiation. En effet, le soupçon qui habite son cœur etlui inspire ses jugements, est insignifiant et ne compte pas. Aucun uléma nel’a justifié. Dès lors, il ne peut servir de fondement à aucune décisionlégale.
Lacause du soupçon qui a trompé votre mari réside dans son incompréhension de larègle mentionnée par cheikh Muhammad ibn Abdoul Wahhab(Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dans son livre intitulé Nawaqid al-islam,règle selon laquelle: Celui qui ne reconnait pas lemécréant comme tel devint un mécréant…Le troisième: celui qui ne juge pas lespolythéistes mécréants ou doute de leur mécréance ou déclare leur doctrinejuste, tombe dans la mécréance.
Cetterègle parle de deux catégories de gens:
Lapremière est constituée par les mécréants et polythéistes originaux, comme lespaïens, les Juifs et les Chrétiens ainsi que tous ceux qu’Allah a qualifié demécréants dans le saint Coran comme Pharaon et Abou Lahab.Celui qui ne les juge pas mécréants, l’est lui-même.
Ladeuxième est constituée de ceux qui ont renié leur foi de l’avis unanime desulémas pour avoir démenti un article de la foi nécessairement connu de tous.C’est le cas de celui qui écarte la Résurrection ou remet en cause un verset dulivre d’Allah entre autres causesd’apostasie claire et sans ambages qui ne fait l’objet d’aucun controverse. Ceux-là doivent être jugés mécréants.Tout uléma ou jurisconsultequi est aufait de leur cas et reçoit la preuve de leur attitude et qui, en dépit de tout cela , persiste à ne pas les juger mécréants devient du coupmécréant.
Voilàce qu’al-Qaadi Iyad (PuisseAllah lui accorder Sa miséricorde) a rapporté et déclaré adopté unanimement pasles ulémas avant de dire: Le consensus s’est dégagé à propos de la mécréancede celui qui refuse de reconnaître la mécréance du chrétien ou du juif et detoute personne qui quitte la religion musulmane ou hésite de les déclarermécréant ou nourrit des doutes à cet égard. Extrait de Chifa(2/281).
Cheikhal-Islam dit à propos des sectes clandestines dont lamécréance est avérée: Les thèses de ceux-là sont pires que celles des Chrétiens.Elles renferment les mêmes contradictions que celles des Chrétiens. Parfois,ils confessent la fusion parfois l’union parfois d’unité. C’est une doctrineintrinsèquement contradictoire. C’est pourquoi ils brouillent ceux qui necomprennent pas. Tout cela constitue une mécréance ,intérieurement et extérieurement, à l’avis unanime des musulmans. Celui quidoute de la mécréance de ceux-là, après avoir pris connaissance de leurs thèseset après avoir connu la religion musulmane, devient mécréant. C’est encore lecas de celui qui doute de la mécréance des Juifs,des Chrétienset des polythéistes. Madjmou’ al-fatawa (2/368).
Quantaux cas de mécréance controversés ou ceux qui échappent au commun ou ceux quisouffrent d’une soupçon ou ceux qui fontl’objet d’un consensus douteux et non tranchant ou ceux au sujet desquelsexiste une divergence portant sur l’applicabilité du jugement d’apostasie à unepersonne déterminée, celui qui hésite ou émet un avis différent de celui desautresdans tous ces cas ne peut êtrejugé mécréant.
Eneffet, la prononciation de la mécréance dansces cas ne peut résulter que d’un effort de réflexion susceptibled’aboutir à des avis divers. Dès lors, celui qui ne partage pas l’opinionallant dans le sens contraire de celui qui prononce un jugement de mécréancedoit, a fortiori, être excusé. Comment ose-t-on le juger mécréant ou innovateurou égaré?! Cette question n’est pas comme celle où l’on dit: Celui qui ne reconnait pas la mécréance du mécréant est lui-même unmécréant comme nous l’avons déjà expliqué.
Larègle à retenir est que la certitude ne peut pas être écartée par le doute. Parconséquent, on prend pour musulman toute personne se déclare comme tel,l’affiche et s’en satisfait. On ne le juge apostat que sur la base de preuvesirréfutables et non à cause d’un soupçon ou une (erreur) d’interprétation.
Dutemps du Cheikh Abdoul Latif ibn Abdourrahmanibn Hassan, l’un des imams de la prédication nadjdienne,un petit fils de Cheikh Muhammad ibn Abdoul Wahhab,des extrémistes se sont livrés à des excès dans ledomaine de l’excommunication sur la based’une mauvaise compréhension de ladite règle. Cheikh Abdoul Latifleur écrit ce rappel à l’ordre:
«J’aivu en 1264(de l’Hégire) deux hommes extrémistes comme vous à Ahsaa. Il avait boycotté la prière du vendredi et lesprières faites en public à la mosquée puisqu’ils considéraient tous lesmusulmans du pays comme des mécréants en s’appuyant sur les mêmes arguments quevous-mêmes. Ils disent que les habitants d’Ahsaas’assoient avec Ibn Fayrouz et le fréquentent alorsque lui et ses pareilles ne mécroient pas au Taghoutet lui n’a pas avoué la mécréance de son grand père qui avait rejeté l’appel deCheikh Muhammad (ibn Abdoul Wahhab) et ne l’a pasaccepté mais lui a opposé l’hostilité. Les deux extrémistes ont dit:« Toutepersonnequi ne le (Ibn Fayrouz) juge pas clairement mécréant est lui-même mécréantet ne désavoue pas le Taghout. Celui qui s’assoitavec lui est comme lui. Ils ont déduit de ces deux postulats deux mensongesaberrants, donc tout ce qui doit découler d’une apostasie claire en fait dedispositions. Ils se sont enfoncés dans l’extrémisme au point de ne plus rendrele salut (qu’on leur adressait). Quant on m’ainformé de l’affaire, je les ai convoqués, et durement menacés. Ils ontprétendu suivre la doctrine ducheikhMuhammad ibn Abdoul Wahhab dont ils conservent les écrits.J’ai élucidé leur soupçon et réfuté la cause de leur égarement grâce à ce quim’était présent à l’esprit.
Jeleur ai expliqué que le cheikh (Muhammad ibn Abdoul Wahhab)n’avait rien à voir avec cette doctrine et que ce cheikh ne jugeait unepersonne mécréante que sur la base de ce que le consensus des musulmansconsidère comme une cause de mécréance comme la commission du chirk majeur et le rejet des versets d’Allah et Sesmessagers et le rejetd’une chose (unélément de la foi) après avoir reçu la preuve qui la fonde. C’est commel’excommunication de celui qui adore les saints et les invoque à côté d’Allahet les considère comme ses égaux dans ce que Ses créatures Lui doivent en faitd’actes d’adoration dus à Sa divinité.
Cecifait l’objet d’un consensus chez les hommes du savoir et de la foi. Chaquegroupe des adeptes des doctrines suivies consacre à ce sujet un grand chapitre.Ils y mentionnent ses dispositions et les causes de l’apostasie, et précisentle sens du chirk. Ibn Hadjara consacré à ce sujet un livre intitulé al-ilaambi qawaati’ al-islam(information sur les questions décisives de l’islam).
Lesdeux persans (les deux extrémistes) mentionnés dans la question ontmanifesté leur repentir et leur regret et prétendu que la vérité leur étaitdevenue claire. Quand ils ont retournésà la côte, ils ont repris la diffusion de leur thèse (extrémiste). Nous avonsappris qu’ils excommunient les imams des musulmans et adressent descorrespondances aux souverains égyptiens. Ils ontmême excommunié les cheikhs qui fréquententles destinataires de leurs correspondances. Nous demandons à Allah de nousprotéger de l’égarement survenu après la guidée et de la déviance après avoirsuivi la bonne direction.
Ilnous est parvenu de vous-mêmes des choses pareilles, à savoir que vous avezabordé imprudemment des questions relavant de ce chapitre (excommunication) quene peuvent traité justement que des ulémas éclairés qu’Allah a gratifié d’unebonne compréhension, de la sagesse et d’un discours tranchant.
S’agissantde l’excommunication des gens sur la bases des choses que vous avez pris pourdes éléments justifiant un tel jugement, elle relève de la doctrine deskharidjites harouri qui s’étaient révolté contre lecommandeur des croyants, Ali ibn Abi Talib et les compagnons qui le soutenaient.» Extrait d’ad-dourar as-sanniyah filadjwiba an-nadjdiyya (1/466).
Celadit, la Commission permanente a été interrogée en ces termes: Quand le cultedes tombes a pris de l’ampleur , des gens se sontsoulevés pour défendre ses partisans en disant qu’ils sont des musulmans qu’ilfaut excusé en raison de leur ignorance et qu’il n’y avait aucun mal à leslaisser épouser nos filles et à prier derrière eux et qu’ils devaient jouir detous les droits reconnus aux musulmans…
Voicila réponse qu’on leur a donnée:« Il n’est pas permis au groupe attaché à la foipure en l’unicité absolue d’Allah qui juge ceux qui se pratiquent le culte destombes, il n’est pas permis à ce groupe-là, disons-nous, d’excommunier leursfrères qui partagent leur foi mais s’abstiennentd’excommunier les adorateurs des tombes, àmoins de leur fournir une preuve irréfutables car leur abstention repose sur unsoupçon qui repose sur le fait que, selon eux, il faut fournir une preuveconvaincante aux adorateurs des tombes avant de les excommunier.
Ceciest différent du cas de ceux qui baignent dans une mécréance incontestablecomme les Juifs, les Chrétiens, les Communistes et consorts. La mécréance deceux-là ne repose sur aucun soupçon. Et il en est de même de la mécréance deceux qui refusent de les juger mécréants.
Allahest le garant de l’assistance. Nous demandons au Transcendant d’améliorer lesconditions des musulmans, de leur donner une bonne compréhension de lareligion, de nous protéger tous de nos propres maux et de nos mauvais actes notammentde parler d’Allah le Transcendant et de Son messager sans connaissance. Celalui revient et Il en est capable.
L’assistancene vient que d’Allah. Puisse Allah bénir et saluer notre prophète Muhammad, safamille et ses compagnons.
LaCommission Permanente pour les recherches religieuses et la consultance
Leprésident: Abdoul Aziz ibn Baz
Levice-président : Abdourrazzaq Afifi
Extraitdes fatwa de la Commission Permanente (2/150-151).
Interrogésur la différence entre les propos: Celui qui ne reconnaitpas la mécréance du mécréant est lui-même mécréant et Celui qui ne juge pasles polythéistes mécréants est lui-même mécréant ,Docteur Nasser al-Aql (Puisse Allah le protéger)répond:« Nul doute qu’il y a une différence. La plupart de ceux disent : Celui qui ne reconnait pas la mécréance dumécréant… entendent parler de celui qu’ils jugent ,eux, mécréant, même si leur jugement n’est pas partagé par les autres.
Quantà celui qui refuse de reconnaître la mécréance du polythéiste son cas estindubitablement clair. En effet, la mécréance des polythéistes ne fait l’objetd’aucun doute. Il en est de même des hypocrites connus comme tels par Allah.Nous, nous ne pouvons pas reconnaître l’hypocrite précisément.
LesJuifs, les Chrétiens et tous ceux qui n’attestent pas qu’il n’y a pas de dieuen dehors d’Allah et que Muhammad est Son messagersont des mécréants. Celui qui ne les reconnait pas comme tel est en principe mécréant.Cependant, la question nécessite un processus de vérification portant sur cequ’il (l’auteur de l’excommunication) dit, ce qu’il sait ,ce qu’il ignore ou n’ignore pas, etc.» Extrait de charhat-Tahawia par Nasser al-Aql(67/15 selon la numérotation automatique de la chamila.
Ensomme, nous vous recommandons de supporter votre mari ,de continuer à lui donner des conseils, de le traiter bien et de l’orientervers les gens du savoir et du droit (musulman). Peut-être renoncera-t-il à sesexcès dans l’excommunication , vous donnera vos droitsqu’Allah vous a prescrits et se mettra à l’abri du danger de l’extrémisme et del’exagération. Pour en savoir davantage, voir les numéros (85102)
Allahle sait mieux.