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12,51825/09/2004

Il prétend avoir découvert une lacune dans l’éloquence du Coran

Question: 34234

On lit dans la sourate 2 ceci :  Certes, Nous avons donné le Livre à Moïse; Nous avons envoyé après lui des prophètes successifs. Et Nous avons donné des preuves à Jésus fils de Marie, et Nous l’ avons renforcé du Saint-Esprit. Est- ce qu’ à chaque fois, qu’ un Messager vous apportait des vérités contraires à vos souhaits vous vous enfliez d’ orgueil? Vous traitiez les uns d’ imposteurs et vous tuiez les autres. (Coran, 2 : 87).

Mon collègue chrétien dit : regarde comment une phrase avec un présent indicatif (vous tuez) est coordonné à un autre construite avec un verbe au passé (vous tratiez). Le verset devrait se présenter comme suit : (à Dieu ne plaise que nous changions quoi que ce soit dans le saint Coran) :  Vous avez démenti un groupe et tué un autre  en mettant le deuxième verbe (tuer) au passé puisque les prophètes ont cessé d’exister depuis la mort de Muhammad, le sceau des prophètes. Rappelons en passant que l’intéressé ne croit pas que Muhammad est un prophète ; il croit plutôt que Jésus était le sceau des messagers.

Le verset 47 de la sourate 3 se présente ainsi : .. Quand Il décide d’ une chose, Il lui dit seulement: “Sois”; et elle est aussitôt. . Mon collègue chrétien considère aussi que cette construction est faible et qu’il serait plus correct ( à Dieu ne plaise que nous changions quoi que ce soit du Saint livre) : –  Sois ; et elle est . J’espère un éclairage de votre part pour me permettre de lui répondre. Interrogez les gens du Rappel si vous ne savez pas.

Texte de la réponse

Louanges à Allah et paix et bénédictions sur le Messager d'Allah et sa famille.

Louanges à Allah

Premièrement, celui qui se trouve incapable d’engager une discussion, doit craindre Allah pour ce qui le concerne et éviter de déclencher un débat ; il vaut mieux qu’il protège sa religion contre toute querelle avec des ignorants ou des gens qui nourrissent des doutes.

Deuxièmement, s’agissant des doutes suscités – qui sont en réalité plus fragiles que la toile d’araignée – nous y répondrons de deux manières.

La première, succincte, consiste à dire que le Coran est le livre d’Allah révélé à des arabes purs qui devançaient les autres nations dans les domaines de l’éloquence et de la rhétorique. Ces arabes manifestaient le plus grand intérêt pour ce domaine et avaient atteint la plus haute maîtrise des facettes de rhétorique. Ils organisaient des festivals marqués par la déclamation de poèmes et la prononciation de grands discours et avaient attaché une sélection de leurs poèmes à la Kaaba pour manifester leur admiration de l’éloquence et de la rhétorique. Ils rivalisaient dans la composition de beaux poèmes et discours. La poésie coulait dans leurs veines ; ils ne pouvaient s’empêcher de la laisser s’exprimer en cas de tristesse, de joie, de mort, de naissance, de bonheur, de malheur, de victoire ou de défaite. Les proches et les étrangers leur reconnaissaient ces dons et aucune nation ne les y égalait.

C’est pourquoi la sagesse divine a voulu que le Coran fût révélé dans cette langue qui leur inspirait la  fierté et leur faisait croire qu’ils étaient supérieurs aux autres peuples. Cependant le Coran les a éblouis par ses merveilleux termes, ses beaux sens et ses grands objectifs et styles, de manière qu’ils se sont soumis et ont eu pour le Coran un respect tel qu’ils n’osaient plus remettre en cause un seul de ses mots ou construction ou mode d’expression.

Allah, le Transcendant, les a défiés dans Son livre de produire un texte égal au Coran et ils n’ont pas pu le faire. A fortiori ils n’ont pas pu mettre en cause ni sa syntaxe ni sa parfaite clarté. C’est pourquoi le Très Haut dit : Dis: “Même si les hommes et les djinns s’ unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s’ ils se soutenaient les uns les autres”.  (Coran, 17 : 88). Ensuite, Allah les a mis au défi de produire un texte comparable à dix de ses sourates. À ce propos, le Très Haut dit : Ou bien ils disent: “Il l’ a forgé (le Coran)” – Dis: “Apportez donc dix Sourates semblables à ceci, forgées (par vous). Et appelez qui vous pourrez (pour vous aider), hormis Allah, si vous êtes véridiques”.  (Coran, 11 : 13).

Quand ils se sont avérés incapables de relever ce défi, Allah les a mis qu défi de produire l’équivalent d’une seule sourate du Coran. À ce propos le Très Haut a dit : Si vous avez un doute sur ce que Nous avons révélé à Notre Serviteur, tâchez donc de produire une sourate semblable et appelez vos témoins, (les idoles) que vous adorez en dehors d’ Allah, si vous êtes véridiques.  (Coran, 2 : 23).

Cela étant, il est inacceptable de la part de quelqu’un qui vit dans une époque marquée par la détérioration de la langue (arabe) à cause de son contact avec les autres langues, de proférer de telles balivernes qui ne font que révéler la profondeur de son ignorance, la pauvreté de sa pensée, la fragilité de sa logique et la défectuosité de sa langue. Jadis, on a dit :

Que de fois une mauvaise compréhension

Fait remettre en cause une parole exacte !

La deuxième manière plus exhaustive consiste à démontrer les facettes de l’éloquence et de la rhétorique dans les passages critiqués.

Quant à la parole du Très Haut : Certes, Nous avons donné le Livre à Moïse; Nous avons envoyé après lui des prophètes successifs. Et Nous avons donné des preuves à Jésus fils de Marie, et Nous l’ avons renforcé du Saint-Esprit. Est- ce qu’ à chaque fois, qu’ un Messager vous apportait des vérités contraires à vos souhaits vous vous enfliez d’ orgueil? Vous traitiez les uns d’ imposteurs et vous tuiez les autres  (2 : 87) l’érudit, at-Tahir ibn Ashour dit dans son commentaire du Coran intitulé : at-tahrir wat-tanwîr, 1/598 : « le verbe (tuer) conjugué au présent indicatif est substitué au passé pour amener le lecteur à se représenter à l’esprit un état affreux, leur état quand ils tuaient leurs messagers. C’est comme la parole du Très Haut :  Et c’ est Allah qui envoie les vents qui soulèvent un nuage que Nous poussons ensuite vers une contrée morte.. (Coran, 35 : 9).  Ceci s’ajoute à ce que l’expression  vous tuez  permet de maintenir la rime, d’où un sens parfaitement clair et un bel agencement ».

Cheikh Ibn Outhaymine cite dans son commentaire du Coran (1 : 283) un autre avantage que des ulémas reconnaissent à l’usage de l’expression  vous tuez  qui indique la continuité. C’est que les Juifs ont perpétué la tradition qui consiste à tuer les prophètes systématiquement jusqu’au dernier d’entre eux : Muhammad. En effet, ils ont tué ce dernier à cause du poison qu’ils lui ont fait avaler à Khaybar car il n’a cessé d’en souffrir jusqu’à sa mort et il disait au cours de son ultime maladie :  le repas que j’ai consommé à Khaybar n’a cessé de m’affaiblir et c’est maintenant que ma veine basilique va ceder  (rapporté par Abou Dawoud, 4512 ; rapporté par al-Boukhari de manière  suspendue  ; déclaré par al-Albani  beau et authentique  dans Sahihi Abi Dawoud, 3784).

S’agissant de la parole du Très Haut : Quand Il décide d’ une chose, Il lui dit seulement: “Sois”; et elle est aussitôt.  (3 : 47), ce que le critique en dit constitue la plus grande preuve de son ignorance puisque le verset parle de la volonté divine portant sur la future existence d’une chose et non son existence dans le passé. C’est ce qu’indique l’usage de la particule : idha qui indique le futur. C’est pourquoi le verbe (dire) est conjugué au présent indicatif qui indique (aussi) le futur. C’est aussi pourquoi ce verbe est suivi du verbe (être) conjugué au présent indicatif employé pour le futur.

Allah le sait mieux.

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