Comment juger quelqu’un qui remet de l’argent à son père pour un travail à condition qu’il le restitue et qui voit son père refuser cette restitution?
Un fils a-t-il le droit de réclamer à son père le remboursement de l’argent qu’il lui a prêté? Peut il porter plainte contre lui?
Question: 172063
Louanges à Allah et paix et bénédictions sur le Messager d'Allah et sa famille.
Louanges à Allah
Si le père en question est pauvre et a besoin de l’argentet si le fils est riche, ce dernier doit dépenser au profit de son père et ildoit lui donner l’argent dont il a besoin car le Prophète (bénédiction et salutsoient sur lui) a dit: Commence ( tes dépenses) par ceux que tu dois prendreen charge comme tes père et mère puis ta sœur , ton frère, puis le plus procheparent suivi du plus proches des autres parents. (rapporté par an-Nassai,2532 et jugé bon par al-Albanidans irwaa al-Ghalil.
Cela étant, il n’est pas permis au fils de considérer cequ’il donne à son père comme un prêt. Si le père est riche et n’a pas besoind’argent (pour assurer sa survie) ou s’il est pauvre et incapable d’assurer sapropre prise en charge, il n’ y a aucun inconvénient dans ce cas à se ce que lefils lui prête de l’argent. Le père doit rembourser l’argent quand il sera enmesure de le faire car il ne lui est pas permis de tergiverser. Si le père seretrouve en difficulté au point d’être incapable d’honorer sa dette, il n’estpas permis au fils de lui demander de payer immédiatement car il doit attendrequ’il puisse le faire. A ce propos le Très Haut dit: A celui qui est dans lagêne, accordez un sursis jusqu’à ce qu’il soit dans l’aisance. Mais il estmieux pour vous de faire remise de la dette par charité! Si vous saviez ! (Coran,2:280). Le créancier a l’obligation de prolonger le délai de paiementquand il a affaire avec un débiteur étranger, que dire quand son débiteur n’estautre que son propre père? Voir la réponse donnée à laquestion n° 131420.
Il est permis toutefoisau fils de réclamer le paiement d’une dette à son père quand ce dernierest bien en mesure de la payer. Si jamais l’affaire est portée devant lajustice, on n’emprisonnera pas le père pour la dette due à son fils.
Ibn Qudamah (puisse Allah luiaccorder Sa miséricorde) dit: le fils n’a pas le droit de réclamer à son pèrele paiement d’une dette. Abou Hanifa, Malik et ach-Chafii soutiennentle contraire car il s’agit d’une dette et partant d’un droit à réclamer commetout autre. Extrait d’al-Moughni,5/395.
On lit dans l’encyclopédie juridique koweitienne (4/79): «sile père demande un prêt à son fils, ce dernier a le droit de lui en réclamer leremboursement sauf chez les hanbalites. C’est parce qu’il s’agit d’une dettecomme les autres. Par conséquent le créancier a le droit de réclamer sonpaiement. Les hanbalites soutiennent le contraire en se fondant sur le hadithqui dit: tes biens et ta personne appartiennent à ton père. Voir lasignification du hadith et sa vérification dans le cadre de la réponse donnée à la question n° 9594.
L’un des membres du Collège des Grands ulémas d’ArabieSaoudite, Cheikh Abdoullah ibn Muhammad Aal Khaniin (puisse Allah legarder) a rédigé un traité sur la question intitulé: les réclamations formulées par un filscontre son père en droit musulman Ily soutient le choix des hanbalites et affirme que le sens de la non réclamationpar le fils du paiement d’une dette à son père est qu’il doit s’abstenird’exiger qu’il soit condamné mais il a le droit réclamer le paiement de ladette et d’en prouver l’existence auprès du cadi.
Cheikh Abdoullah ibn Muhammad Aal Khanin (puisse Allah legarder) dit encore : il paraît que l’école juridique hanbalite autorise aufils la réclamation d’une dette à son père et la fourniture des preuves del’existence de la dette. Cheikh al-Khanin (puisseAllah legarder ) a évoqué la questionde la possibilité d’emprisonner un père pour une dette due à son fils et amentionné la divergence suscitée par cette question avant de conclure quel’avis du grand nombre, qui semble le plus juste, est qu’on n’emprisonne pas unpère ou une mère pour une dette due à leur enfant, compte tenu des argumentsqu’ils ont fournis. Extrait les réclamations formulées par un fils contreson père en droit musulman p.38-40. Madjallat al-Adl, n°31, Radjab 1427.
Allah le sait mieux.
Source:
Islam Q&A
Réponses correspondantes