Je suis une femme suédoise convertie à l’islam- Allah en soit loué. J’ai eu en Suède trois petits enfants avec mon mari. Ce dernier commence à sortir avec le groupe connu sous le nom de Djammatou Tabligh malgré mon opposition fondée sur notre besoin de lui à la maison. Ma famille n’est pas musulmane et je ne les vois pas souvent. Ma belle famille ne vit pas au même endroit que nous. En dépit de tout cela , mon mari ne trouve aucun inconvénient à s’absenter plusieurs jours de chaque mois en compagnie du groupe susmentionné. Je lui ai demandé de rester dans la ville ou d’aller faire une retraite pieuse dans une mosquée pendant une nuit. Il persiste à accompagner le groupe dans des sorties qui ne durent pas moins de trois jours. Pouviez-vous m’expliquer le fondement légal de ces sorties? Reposent-elles sur la Sunna? Chaque fois que je m’oppose à son départ, il me rappelle l’histoire d’Abraham (PSL) qui abandonna sa femme en plein désert.
La situation qui prévaut là où je vis est si troublée que je ne peux pas prendre le bus le jour. La sécurité est inexistante la nuit dans le quartier que nous habitons. Lui est-il permis de nous abandonner comme çà? Devrais-je placer ma confiance en Allah quand il me dit: je vous confie à Allah? J’espère que l’on saura toutefois que mon mari est un homme gentil mais parfois impétueux. Il déteste les fatwas en dépit de son respect pour les ulémas. Il n’en affirme pas mois son amour pour l’observance du Coran et de la Sunna. Quel conseil pratique pouvez-vous me donner?
Il va se livrer à la prédication et abandonne sa famille en dépit de sa besoin de lui
Question: 22918
Louanges à Allah et paix et bénédictions sur le Messager d'Allah et sa famille.
Louanges à Allah
Premièrement, nul doute que celui qui mérite plus quetout autre qu’on prenne soin de lui, le protège, s’occupe de ses affaires,l’éduque, l’appelle, lui assure protection c’est bien la famille qui vit sousnotre toit. Allah Très-haut dit:Ôvous qui croyez ! Préservez vos personnes et vos familles de l’enfer… (Coran,66:6). Le Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient surlui) a dit: Vous êtes tous des bergers responsablesde vos troupeaux. L’imam est responsables de sontroupeau. L’homme est un berger dans sa famille et il est responsable de sontroupeau. La femme est une bergère dans le foyer de son mari et elle estresponsable de son troupeau. Le domestique est un berger par rapport aux biensde son chef et il en est responsable. (Rapporté par al-Bokhari,893 et par Mouslim,1829.
Si l’on assumedes devoirs religieux dont certains sont considérés comme des droits d’Allah etd’autres comme des droits des créatures, et si l’on veut s’engager dans leschemins du bien et multiplier les actes surérogatoires, on est ordonné deréaliser un équilibre entre l’ensemble de ces droits en faisant passerl’obligatoire avant le recommandé. Quand les devoirs se superposent, on doitchercher à concilier tous les chapitres chaque fois que cela est possible.Quand ils s’avèrent incomptables de sorte qu’on ne peut pas les concilier, ondonne la priorité au plus important. On commence par le plus urgent des devoirsavant de passer au moins urgent.
Il est rapportédans le Sahih d’al-Bokhari (1968) d’après Awn ibn Abi Djouhayfa que sonpère a dit: «Le Prophète (Bénédiction et salut soientsur lui) a établi une fraternité entre Salman et Abou Dardaa.Le premier rendit visite au second et s’aperçut qu’Oum Dardaaétait indifférente. Il lui dit:
–Qu’est-ce quit’arrive?
–Ton frère,Abou Dardaa est complètement détourné du monded’ici-bas!!
Puis Abou Dardaa rentra et lui prépara un repas et lui dit:
– »Mange-en.»
– J’observe lejeûne.
– Je ne mangequ’avec toi. L’hôteaccepta de manger.
Une foisla nuit tombée,Abou Dardaa allait se mettre à prier lorsque Salmanlui dit:
– Va dormir.
Il le fit puisil se releva de nouveau pour aller prier lorsque Salman lui dit encore:
–Va dormir.
Vers la fin dela nuit, Salman lui dit:
– Lève-toi pourprier.
Les deux hommesprièrent ensemble. Puis Salaman lui dit:
–Ton Maître aun droit sur toi. Ton corps a un droit sur toi. Ta famille a des droits sur toi; donne à chacun son droit! Plus tard, Abou Dardaa se rendit auprès du Prophète (Bénédiction et salutsoient sur lui) et lui raconta ce qui s’était passé et ce dernier de lui dire: Salman a raison. Ce hadith enseigne la réalisationd’un équilibre entre l’ensemble des droits afin d’éviter de privilégier les unsau détriment des autres.
Deuxièmement, lapriseenchargede la famille et sa protectionconsiste à s’occuper de leurs besoins vitaux en fait de dépenses,du nécessaire en matière de logement. Laprise en charge s’étend encore à la protection de la famillecontre tout danger pour leurspersonnes, leur honneur, et leurs biens. Le chef de famille a l’obligation deleur assurer tout cela en plus d’uneprotection totale.
Cette affairevarie en fonction du temps et de l’espace. Quand l’on se trouve dans un endroitoù sa famille jouit de la sécurité même en son absence, soit parce qu’elle estentourée de ses proches et disposent de gens qui s’occupent d’eux, soit parce que la sécurité publique est bien assurée et les causes detroubles faibles. Si tel est le cas , il est permis auchef de famille de voyagerpours’occuper de ses intérêts dans la mesure où son déplacement ne leur porte paspréjudice.
Si l’on setrouve dans un endroit où l’on n’est pas en sécurité ni pour sa personne nipour ses biens ni pour son honneur et où l’on redoute des troubles, le chef defamille doit rester sur place et ne quitter sa famille qu’en cas de contraintemajeure. Il doit en plus veiller à assurer à sa famille les moyens afférant àleurs soins et protection ou alors se faire remplacéauprès d’eux par une personne sûre ou les déménager ailleurs où ils seraientmieux protégés.
D’aprèsAbdoullah ibn Amre ibn al-As un homme se présenta auProphète (Bénédiction et salut soient sur lui) et dit:
–Je te prêteserment pour m’engager à émigrer et à participer au djihad pour obtenir larécompense d’Allah.
–L’un de vospère et mère est-il vivant?
–Oui, tous lesdeux.
–Et tu cherchesla récompense d’Allah ailleurs?
–Retourneauprès de tes parents et assure leur un bon traitement. (Rapporté paral-Bokhari,1671 et par Mouslim,2549).
Cheikh Muhammadibn Ilaan as-Siddiqui (Puisse Allahlui accorder Sa miséricorde) a dit:« Le législateur a dispensé l’intéressé del’obligation de participer à l’émigration pour lui permettre de rester auprèsde ses père et mère. L’émigration était alors obligatoire pour lui mais ilavait une autre obligation plus importante envers ses père et mère.
Quandl’émigration n’est pas obligatoire, ce qui l’est doit l’emporter. Mais ceciconcerne celui qui réside dans un endroit où il peut pratiquer sa religion entoute sécurité. Quant à celui qui craint pour sa foi, il doit la sauver enlaissant sur place ses père et fils, comme les Immigrés, les élus d’Allah,l’avaient fait.» Extrait de Dalil al-Faalihiine li tourouqui riyaadh as-Salihiine (2/463).On l’a déjà expliqué dans la réponse donnée à la questionn° 177195.
Certains ulémassont allés jusqu’à dire que celui dont la famille se trouve dans un endroit isoléde sorte qu’oncraint leur perte, celui-là est dispensé de la prière du vendredi, bien quecelle-ci se fasse rapidement puisqu’elle ne prend que peu de temps.
L’auteur de Kashshaf al-qunaa(1/456) a dit: Oui, si sa fréquentation de la mosquéecrée un vide auprès de sa famille, il vaut mieux que le chef de famille prietout seul chez lui, pour s’acquitter de son devoir. Mieux, ils (les ulémas)ont précisé que parmi les objectifs de la Charia que tout un chacun doitchercher à atteindre, la bonnecompagnie de la famille même si celane prenait que peu de temps.
Onlit dans Touhfatoul mouhtadj(2/471):Dans ses va et vient (auprès de sa famille)Il peutsoit marcher , soit utiliser unemonture (?) Ach-Charwaani dit dans son commentairemarginal sur l’ouvrage précédent: il convient que lechef de famille reste chez lui sauf quand un déplacement revêt un caractèrecultuel. Son séjour auprès de sa famille se justifie davantage quand il entendleur tenir compagnie ou accomplir une tache légale importante les concernant ouconcernant d’autres et quand le séjour permet de protéger ses organes et sesforces contre une violation (de la loi) prévisible au cas où il quitterait ledomicile..
Cela étant, cequi est demandé au mari, si vous résidez dans un endroit où votre famille et vous même n’êtes pas en sécurité, c’est de rester auprès desa famille. Toutefois, il peut s’occuper de tout ce qu’il veut en faitd’activités relatives à la prédication et à la bienfaisance, à la prière, et àla retraite pieuse dans les limites de sa zonede résidence ou à l’intérieur de la ville où vous vivez. La réalisationde tous ces objectifs religieux n’est pas lié à un endroit à l’exclusion desautres car ils ne sont pas comme les rites à observer soit à La Mecque, soit àMédine puisqu’ils relèvent des actes de bienfaisance que chacun peut faire làoù il se trouve, dans son quartier, ou dans sa ville. On peut embrasser tousles domaines de bienfaisance et donner à chacun son dû au lieu d’être comme celuiqui détruittoute une ville pour construire un palais. Voir à toutes fins utiles lesréponses données à la question n° 177195, à la question n°155577 et à la question n° 3043.
Troisièmement,quant à l’évocation par le mari de l’histoire du Prophète Abraham rapportée paral-Bokhari (3364) d’après Ibn Abbas (P.A.a), histoiredans laquelle on lit:« Ensuite, Abraham la (sa femme)fit venir en compagnie de son fils Ismail qu’elle allaitait. Dépourvue del’eau, La Mecque n’abritait personne à l’époque. Il les installa sous un arbreà une hauteur de la mosquée près de Zamzam et leurlaissa un panier de dattes etun outre rempli d’eau avant de rebrousser chemin. La mèred’Ismail le poursuivit en disant:
–Abraham! Où vas-tu? Tu vas nousabandonner dans cette vallée où il n’y a ni humain ni rien? Elle lui répétaces propos plusieurs fois sans qu’Abraham se retournât. Elle dit alors:
–Est-ce Allahqui t’adonnéunordre dans ce sens?
–Oui.
–Alors, Il nenous livrera pas à notre perte.
Abrahampoursuivit sa marche jusqu’à l’emplacement du col où ils (sa femme et sonenfant) ne le voyaient plus. Là, il orienta son visage vers la Maison etprononça, les mains levées, ces quelques phrases à titre d’invocation:Seigneur, j’ai installé une partie de mes descendants dans une vallée sansculture, auprès de Ton oratoire sacré afin, Seigneur, qu’ils puissent accomplirla prière ! Seigneur, dispose en leur faveur les cœurs d’un certain nombred’hommes ! Veille à leur procurer des fruits pour leur subsistance. Peut-êtreseront-ils reconnaissants. (Coran,14:37), l’évocationde cette histoire à titre d’argument, disons-nous, est complètement déplacé carelle n’a rien à voir avec votre affaire ni avec vos circonstances.
Abrahamabandonna sa femme et son fils en cet endroit situé dans un territoire rendusacré par Allah et près de la Maison sacrée d’Allah pour un objectif religieuxet selon une parfaite sagesse justifiant leur séjour en ce lieu.
La mère d’Ismailne connaissait pas la sagesse divine qui sou tendait l’ordre de séjourner dansun endroit dépourvu de l’eau donc d’êtres humains et de culture. D’où laquestion qu’elle posa au prophète d’Allah ,Abrahampour savoir s’il avait agi selon l’ordre d’Allah. Abraham le lui confirma etelle se soumit à l’ordre d’Allah en disant qu’Allah ne les livrerait pas à leurperte.
Celui quiinspira à Abraham ce comportement qui échappe aux causes apparentes et sedifférence des ordres donnés habituellement aux gens c’est Allah. Il nes’agissait pas d’un avis personnel d’Abraham (PSL) mais une révélation divine.Allah nousa-t-Il donné l’ordre ou révélé de négliger la protection de nos familles et nosproches pour nous contenter de leur dire qu’on les confie à Allah? Pourquoialors le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) donna-t-il au compagnon évoqué plus haut l’ordre de retourner auprès de sespère et mère pour leur assurer une bonne compagnie?
Allah Très-hauta donné à Son ami intime, Abraham, l’ordre d’égorger son fils, Ismail (PSL). Est-il raisonnablement et religieusement juste qu’unhomme néglige sa famille et sa progéniture ou leur cause des dégâts ou égorgel’un d’entre eux en se référant à l’acte d’Abraham?? Serait -il juste qu’un homme abandonne sa famille en pleindésert, où il n’y a ni eau ni culture et se dit qu’Abraham s’était comportéainsi?!
Après tout ouavant tout, nous vous conseillons d’essayercalmement et sans esprit de défiancede vous entendre avec votre mari sur ce problème. Evitezdans la mesure du possible de vousexposer à son impétuosité. Tentez de lui montrer votre compréhension de sesconvictions et votre respect pour lui et votre demande qu’il tienne compte devos besoins et des circonstances qui entourent l’endroit où vois séjournez avecvotre famille. Que chacun de vous cherche à faire un pas vers l’autre etconsente des concessions et supporte une partie des difficultés afin d’éviterd’en arriver à une étape marquée par la tension ou la complication desproblèmes.
Nous demandons àAllah de faciliter vos affaires, de vous réconcilier avec votre mari et defaire régner la bonne entente entre vous.
Allah le saitmieux.
Source:
Islam Q&A
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